Qui sont les lauréats du prix Nobel 2019 ?

Comme chaque année, la fondation Nobel créée en 1900 récompense différentes personnes issues de professions variées pour leur contribution au monde d'aujourd'hui. Médecins, auteurs, politiques se sont succédés du 7 au 14 octobre pour recevoir leur prix. Retour sur les biographies de ces personnalités.



7 octobre. Le Nobel de médecine ou de physiologie. Décerné par l'Institut Karolinska, il revient aux américains William Kaelin, Greg L.Semenza et au britannique Peter Ratcliffe pour leurs recherches sur l'adaptation des cellules à l'apport variable d'oxygène. Des découvertes très importantes puisqu'elles permettront de lutter contre des maladies telles que le cancer et l'anémie.

William Kaelin, Jr.
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Capture d'écran Youtube de William Kaelin, Jr. © 81st Symposium - Targeting Cancer - William Kaelin[/caption]

Né en 1957 à New York, William Kaelin Jr est professeur de médecine au centre de cancérologie Dana – Farber à l'Université d'Harvard. Après avoir eu son diplôme en mathématique et en chimie à la Duke University en 1982, il décide dix ans plus tard d'ouvrir son propre laboratoire. Ses recherches se portent sur les formes de cancers héréditaires, dont le gène du rétinoblastome von Hippel – Lindau et du suppresseur de tumeur p53. Il reçoit ses premières distinctions en 2016 avec le prix Albert-Lasker pour la recherche fondamentale. Une récompense qui "reconnait les contributions de scientifiques, de cliniciens et de citoyens qui ont réalisé des avancées majeures dans la compréhension, le diagnostic, le traitement, la guérison ou la prévention des maladies humaines". Ainsi que le ASCO Science of Oncology Award et le AACR Princess Takamatsu Award, la même année.

Gregg L.Semenza
gregg Capture d'écran de Gregg Semenza © Youtube JCI’s Conversations with Giants in Medicine[/caption]

Médecin, oncologue et professeur à l'Université Johnson-Hopkins à Baltimore, Semenza est l'auteur de la découverte du facteur induit par l'hypoxie HIF-1. Il reçoit son doctorat à l'Université de Pennsylvanie, puis termine sa formation au centre de pédiatrie à la Duke University.  Ses travaux se basent sur les problèmes de santé liés à une insuffisance d'oxygène, tels que les maladies coronariennes et la croissance tumorale. C'est en 2012 qu'il est élu à l'Institut de Médecine et reçoit par ailleurs plusieurs récompenses comme le grand prix Lefoulon-Delalande de l'Institut de France, le E. Mead Johnson Award pour la recherche en pédiatrie, le prix Jean et Nicholas Leone décerné par la fondation de tumeur cérébrale des enfants etc.

Peter Ratcliffe
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Peter Ratcliffe durant une conférence au Centre Culturel de la Science à Buenos Aires. 4 Juin 2019 © Wikimediacommons Secrétaire de la Science[/caption]

Le britannique Ratcliffe est professeur et membre de l'Institut Ludwig de recherche sur le cancer. Il est aussi directeur du Target Discovery Institute au sein du département de médecine de Nuffield à l'Université d'Oxford et exerce la profession de clinicien à l'hôpital John Radcliffe de Oxford. Il fonde un laboratoire à l'Institut de médecine moléculaire MRC Weatherall  en 1989, avec l’obtention d'une bourse du Wellcome Trust. Les intérêts du professeur se portent sur les voies de détection de l'oxygène cellulaire, dont l'étude de la régulation de l'érythropoïétine (EPO). Grâce aux études faites dans son cabinet, la compréhension de l'hypoxie a émergé.

8 octobre. Le Nobel de physique. Les suisses Michel Mayor et Didier Queloz  sont les lauréats de cette récompense pour leurs travaux sur l'univers permettant la découverte d'une exoplanète orbitant autour d'une étoile autre que le Soleil, ainsi que le canado-américain James Peebles pour ses découvertes théoriques en cosmologie physique. Un prix décerné par l'Académie Royale des sciences de Suède.

Michel Mayor
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Michel Mayor le 3 février 2012 © Wikimediacommons[/caption]

Astrophysicien et professeur retraité de l'Observatire de Genève, Michel Mayor étudie d'abord la physique à l'Université de Lausanne. Il effectue sa thèse de doctorat sur la structure en spirale des galaxies, puis oriente ses travaux vers l'étude du mouvement des étoiles. Le Suisse est reconnu pour plusieurs de ses découvertes telles que la première planète naine brune ou planète HD 114762 Ab connue en dehors du système solaire en 1989, la révélation d'une exoplanète confirmée autour d'une étoile de type "solaire" : 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi, aux côtés de Didier Queloz en 1995. Il reçoit de nombreuses distinctions à partir de cette année-là, dont la première avec le prix de revue Science. Mayor devient chevalier de la Légion d'honneur en 2004, par l'ambassadeur de France en Suisse. Pour toutes ces découvertes, Michel Ory donne le nom d'astéroïde 125076 Michelmayor en honneur à l'astrophysicien.

Didier Queloz
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Didier Queloz en 2012 au ESO © Wikimediacommons ESO[/caption]

Né en 1966 en Suisse, Didier Queloz est un astronome et professeur à l'Observatoire de Genève et à l'Université de Cambridge en Angleterre. Il obtient son master de physique en 1990 à Genève puis travaille sur sa thèse en 1995 "Recherche par les techniques de corrélation croisée" sous la direction de Michel Mayor. L'astéroïde 177415 porte le nom du Suisse et reçoit le prix Wolf 2017 aux côtés de Mayor. Ils font ensemble la découverte de 51 Pegasi b, les faisant gagner le prix Nobel 2019.

James Peebles
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James Peebles le 17 mai 2010 ©Flickr Juan Diego Soler[/caption]

Philip James Edwin Peeble est un cosmologue américain d'origine canadienne. Ancien professeur à l'Université de Priceton, il est l'un des principaux fondateurs de la cosmologie physique qui consiste à "reconstituer l'histoire de l'univers en la confrontant à des preuves observationnelles irréfutables". Peebles fait de grandes contributions concernant le modèle du Big Bang, il parle d'une existence de fond diffus cosmologique et propose en 1987 le primordial iso curvature baryon modelc'est-à-dire un modèle différent du standard  ΛCDM depuis les années 2000.

9 octobre. Le Nobel de chimie. Akira Yoshino, Stanley Whittingham et John B. Goodenough sont les gagnants de ce Nobel 2019 pour la mise au point de batteries au lithium-ion, qui ont révolutionnées la technologie depuis les années 1990. L'Académie Royale des sciences de Suède a décerné ce prix.

Akira Yoshino
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Akira Yoshino ©Wikimediacommons[/caption]

Chimiste japonais né en 1948, Akira Yoshino est un diplômé en ingénierie de l'Université de Kyoto et a obtenu son doctorat à l'Université d'Osaka. Il créé la première cathode dans une batterie commerciale en 1985 avec le premier métal du tableau périodique des éléments de Mendeleïev, le lithium. Une invention importante, beaucoup utilisée pour les appareils électroniques tels que les téléphones ou dans l'automobile.

Stanley Whittingham
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Capture d'écran de Stanley Whittingham sur la vidéo Youtube © Professor Stan Whittingham about Li-ion Industry and Supply Chain[/caption]

Originaire de Nottingham en Angleterre, le chimiste britannique commence ses recherches d'énergies non-fossiles en 1970, suite aux chocs pétroliers. Ancien étudiant de la  Stamford School dans le Lincolnshire, il est l'auteur de l'invention de la batterie au lithium à partir du disulfure de titane (TiS2).

John B. Goodenough
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 Capture d'écran de John B. Goodenough sur Youtube © 2019 Nobel laureate John B Goodenough[/caption]

Le lauréat le plus âgé du prix Nobel, à 97 ans l'Américain est professeur à l'Université du Texas à Austin dans le département d'ingénierie mécanique et électrique. Après avoir obtenu sa licence de mathématiques à l'Université Yale en 1943, il poursuit ses études jusqu'à devenir physicien au MIT dans le laboratoire Lincoln. Il est notamment l'auteur de la loi Goodenough-Kanamori. À partir de 1976 et pendant dix ans, l'Américain découvre le LixCoO2, le matériau parfait pour la cathode de la batterie rechargeable lithium-ion. Il prend la tête du laboratoire de chimie inorganique d'Oxford la même année. Goodenough démontre dans les années 80 que la combinaison d'oxyde de cobalt et d'ions de lithium pouvait produire jusqu'à 4 volts.

10 octobre. Le Nobel de littérature. Décerné par l'Académie suédoise, cette année il récompense la lauréate de 2018 Olga Tokarczuk qui n'avait pas pu recevoir son prix l'an passé due au scandale des accusations de viol, de harcèlement sexuel au sein des membres de l'Académie. Peter Handke reçoit la récompense de 2019.

Olga Tokarczuk
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Olga Tokarczuk en 2018 © Wikimediacommons Fryta73[/caption]

La Polonaise de 57 ans est récompensée pour « son imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, représente le franchissement des frontières". Ancienne étudiante en psychologie à l'Université de Varsovie, elle décide de devenir psychothérapeute et finit par se consacrer à l'écriture à partir de 1997. La lauréate publie plusieurs romans comme en 2009 avec Sur les ossements des morts, ou encore Les Livres de Jakob paru en 2014 et vendu à plus de 80 000 exemplaires dans son pays. Tokarczuk reçoit plusieurs récompenses avec en 2008 le Prix Nike pour Les Pérégrins ainsi que d'autres titres pour son oeuvre de 2014.

Peter Handke
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Peter Handke le 21 juin 2006 ©Wikimediacommons[/caption]

"Son œuvre influente qui a exploré avec ingéniosité linguistique la périphérie et la spécificité de l’expérience humaine" voilà pourquoi l'Autrichien a été récompensé. Né en 1942, Handke est un écrivain, dramaturge, scénariste et réalisateur. L'homme est connu pour sa position avant, pendant et après la guerre de Bosnie où il relativise les crimes de l'ancien Président de la République de Serbie Slobodan Milošević avec Voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina publié en 1996. Handke soutient les politiques non-interventionnistes dans le monde, les États selon lui ne sont pas "détenteurs de la vérité" ni "protecteurs ou justiciers". Il présente en 1966 une pièce provocante et avant-gardiste appelé Publikumsbeschimpfung "Outrage au public", lors d'une rencontre du Groupe 47 à Princeton en Angleterre. Concernant sa carrière, il abandonne ses études en 1965 pour se consacrer entièrement à l'écriture. Ses premières ébauches s'inspirent du théâtre de l'absurde et du nouveau roman, il partage les valeurs du Wiener Gruppe. l'Autrichien reçoit sa première récompense en 1967 avec le prix Gerhart Hauptmann, s'en suit de nombreux titres jusqu'au prix Nobel de cette année.

11 octobre. Le Nobel de la paix. Décerné à Oslo par le comité norvégien, Abiy Ahmed Ali Premier ministre de l'Ethiopie, est récompensé pour avoir réconcilié son pays avec l'Erthrée après vingt ans de conflit. 

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Abiy Ahmed Ali le 2 mai 2018 ©Wikimediacommons[/caption]

Né en 1976 à Agaro dans la région d'Oromia en Ethiopie, Abiy Ahmed Ali commence son parcours par rejoindre l'ODPO(Organisation démocratique des peuples d'Oromo) fin des années 80. Il lutte contre le régime militaire du pays en 1990, renversé un an après. Quatre ans plus tard, il rejoint l'armée éthiopienne et est déployé au Rwanda suite au génocide des Tutsi. Il fonde en 2009 l'Agence éthiopienne de sécurité des réseaux d’informations (INSA), dont il restera le directeur jusqu'en 2012. Il débute sa carrière politique en 2010, puis devient Ministre des Sciences et des Technologies en 2015 pendant un an. Le 22 février 2018 il est élu à la tête de l'OPDO puis au FDRPE le 27 mars et c'est finalement le 2 avril de la même année qu'il devient Premier ministre de son pays suite à la démission de Haile Mariam Dessalegn. Il oeuvre beaucoup pour l'amélioration de l'Ethiopie en remaniant son gouvernement pour obtenir la parité, en libérant les prisonniers politiques et surtout le 9 juillet 2018 la déclaration de fin de guerre et normalisation des relations avec l'Érythrée. Abiy Ahmed Ali met en place une garde républicaine de son pays et lutte contre la corruption.

14 octobre. Le Nobel d'économie. Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques a été remit aux américains Michael Kremer et Abhijit Banerjee ainsi qu'à la franco-américaine Esther Duflo. Leur contribution a permis d'"améliorer la capacité à lutter contre la pauvreté globale. En deux décennies, leur approche basée sur les expérimentations a transformé l’économie du développement, qui est maintenant un champ de recherche florissant".

Michael Kremer
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Michael Kremer © Upcoming: Michael Kremer on digital technology for agriculture at #KAPTalks 14 February 2019[/caption]

Economiste américain et actuellement professeur à l'Université d'Harvard, Kremer reçoit plusieurs prix tout au long de sa carrière comme le prix MacArthur des génies, ou encore nommé par le Forum économique mondial en tant que jeune leader du monde. l'Académie explique qu'il a "démontré à quel point cette approche peut être puissante en utilisant des expériences de terrain pour tester diverses interventions susceptibles d’améliorer les résultats scolaires dans l’ouest du Kenya".

Abhijit Banerjee
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Abhijit Banerjee © Wikimediacommons[/caption]

Né en 1961 à Bombay, l'économiste américain est professeur au MIT dans le Massachusetts. Il est récompensé cette année avec sa femme Esther Duflo pour leurs travaux sur la lutte contre la pauvreté.

Esther Duflo
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 Esther Duflo ©Wikimediacommons[/caption]

Seconde femme à recevoir le prix Nobel d'économie, la Franco-américaine commence son parcours par passer son baccalauréat littéraire en France. Suite à ça, elle étudie l'histoire et obtient sa maîtrise en 1994. Elle finit par se tourner vers l'économie appliquée et obtient un diplôme d'études approfondies d'économie en 1995 à l'Ecole d'économie de Paris. Mme Duflo est nommée fin 2012 au Conseil de développement du Président, ayant pour mission de conseiller le Président des Etats-Unis Barack Obama concernant les questions de développement. Deux ans auparavant, elle reçoit la médaille John Bates Clark. La quinquagénaire appartient au conseil scientifique de l'Education nationale depuis 2018.
Le rendez-vous final a lieu le mardi 10 décembre prochain à Stockholm, pour la remise des prix Nobel par le roi de Suède. Un jour choisi en l'honneur de l'anniversaire de son créateur, le chimiste suédois Alfred Nobel.



Publié le 15 octobre 2019 sur http://les14affranchis.home.blog

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